Quelques mots effeuillés pour les arbres

Photo 1: platanes taillés : l'homme et l'arbre.

Photo 2 "Oh Solitude !"(titre d'une musique ancienne chantée par lecontre ténor anglais Alfred Deller

 

Quelques mots soufflés pour les arbres

 

 

 

Imaginer l’arbre, ses deux poumons verticaux, l’immense chevelure de racines et en haut, l’autre baignant dans l’air de toutes ses feuilles ; entre ? « la lente circulation des sèves « leur flux sous-jacent, et puis aussi comme nous la peau en plusieurs épaisseurs successives : épithélium, aubier . .. 

 

Dès l’aube, dans les premiers frimas, l’air froid sculpte par son passage la coloration des frondaisons, du jaune-vert au cuivre et au rouge sang ; les arbres teignent la carte du froid dans le paysage : autre réalité révélée, aussi mystérieuse et fascinante que les diaprures colorées dans la profondeur des pierres : arbres-signes.

 

Arbres-sentinelles aux avant-postes sur la colline lisse et arrondie ; fléchettes emplumées plantées dans les pentes pour les empêcher de dériver avec les nuages passant bas. Stable présence des arbres .

 

Arbres multiples :  Hêtres aux puissantes jambes lisses et élancées ; bouleaux embués dans leur feuillage jaune et labile, pluie d’or suspendue au-dessus d’une improbable Danaé : sa peau d’une troublante blancheur ; sapins austères sachant tirer de leurs haubans sous le vent des sons de rivière, de sporadiques ondées, lointains ressacs sous les rafales.

 

L’arbre intime, au tronc frémissant sous l’étreinte, de nos rêves inamovible confident. Parfois nous partons pour en visiter un auquel une sympathie ou un respect particulier nous lie. Conversation de vieux amis.

 

Arbre-temps : chêne américain aux feuilles grandes comme des mains, où est-il le temps où tu n’arrivais pas à ma taille de planteur trentenaire ? Et moi, où en suis-je, si rétréci désormais, au pied de ton fût de géant élancé, toi dont la cime est désormais trop haute, invisible au-dessus de ta frondaison ? On se tasse, ils se déploient.

 

Adversité : Racines déchaussées, ramures surdimensionnées, eaux ruisselantes, neige amoncelée : parfois eux non plus ne résistent pas.

 

Arbres morts debout en vieux solitaires, arbres foudroyés, ravagés, où la foudre a creusé son passage ; parfois décimés par bataillons entiers :146 couchés sous le boutoir des rafales en une nuit à Aumar, pris dans le maelstrom entre les parois rocailleuses étrécies : effet Venturi-vent tu pleures.

 

 

 

Chablis atterrés, arbres en décomposition lente- bois-humus-terreau-la terre et l’eau-le haut et le bas abolis. Les formes se perdent pour que germent les graines.

 

Bernard Soubiron

 

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