Voyage au pays des arbres, un spectacle

 

 

La note d'intention de mise en scène...d'un spectacle que nous espérons pouvoir encore travailler et partager avec vous... Peut-être sous un arbre!!

 

Trois voyageurs. Le premier se saisit de ses tambours et ses doigts caressent la peau de l’instrument. Il fait résonner la voix du chêne. Une autre voyageuse, prend alors un broc rempli d’eau et arrose la terre aride. Un bruit de bulles, il pleut. La troisième voyageuse se réveille. Sur son corps se dessinent des lignes, des chemins, des branches ou des racines d’arbres. Elle entame une marche dans l’espace nu, c’est le parcours d’un voyage merveilleux, un voyage dans le pays des arbres. Le chêne, la terre et le lutin de la forêt. Trois imaginaires qui nous racontent ce conte universel en mots, en danse et en musique : Un petit garçon qui s’ennuie décide de voyager dans le pays des arbres. Il apprivoise les arbres, et nous les découvrons bavards, joyeux, sérieux aussi, un brin espiègles. Ils aiment danser sous la lumière de la lune, avec leur ami, le petit garçon.  

 

Voyage au pays des arbres est né pour moi en août 2014, à Allada, au Bénin. Au terme d’une semaine d’ateliers de théâtre avec des enfants, le jour de mon départ, ils me demandent de leur lire une histoire. Nous étions assis par terre, les enfants formant un demi-cercle autour de moi et j’ai commencé à lire Voyage au pays des arbres. Au bout de quelques pages, un enfant prend le livre de mes mains et sans m’en rendre compte, il continue à lire le conte. Plus personne ne me regarde. C’était le moment de partir. Les enfants écoutaient leur camarade leur lire l’histoire de ce voyage merveilleux et j’ai réalisé qu’un jour j’aurais envie de revivre ce demi-cercle, dans un autre présent, dans un espace nu, avec juste des mots qui résonnent, une poésie universelle qui se saisit de l’instant présent. C’est en 2020, dans les Hautes Pyrénées, que le projet se concrétise quand j’ai rencontré trois artistes : Akiko Hoshina, artiste plasticienne, céramiste, Luc Girardeau, musicien et Morgane Lapouge, comédienne, danseuse. A la lecture du texte, tous les trois ont répondu présents.

 

Les artistes se sont saisit des mots, de la poésie de J.M.G. Le Clézio en marchant dans les forêts des Hautes Pyrénées. Chacun d’eux, avec un travail fait essentiellement dehors, sous un tilleul, entouré de chênes, dans un bois, ou une forêt, s’est laissé imprégner par l’instant présent, par les mots de Voyage au pays des arbres. C’est avec ce processus de perception et de mise en vibration avec l’environnement qu’ils ont repris ces sensations et les ont mises en dialogue lors du travail en plateau. A travers ce travail commun s’est construit petit à petit un corps organique collectif dans l’acceptation d’une écriture qui émane du corps et qui s’exprime en mots, en musique, en danse, en images.

 

Il était aussi essentiel de porter ce texte à la scène avec le regard des enfants, leur poésie. Ce travail de création, ce sont aussi des promenades en forêt avec les enfants de la vallée d’Aure, des collectes de matériaux, des lectures du texte sous un châtaigner, au bord d’une rivière. Les enfants ont créé, avec l’aide d’une équipe de pédagogues et d’artistes, l’univers visuel du spectacle et les costumes : technique du Tataki zomé pour dessiner des empreintes végétales sur un costume, des feuilles de papier végétal incrustées de végétaux collectés, le chêne, le bouleau, l’érable vénérable, le sycomore… en objets/marionnettes, une jupe envahie par des lignes dessinées, branches d’arbres, chemins parcourus par une adolescente qui a posé son regard sur les arbres en les photographiant.

 

A la fin, sur scène, tous les instruments de musique sont sortis de leur valise, la colline d’argile est remplie de bouts de branches et de feuilles, de mousse. Les marionnettes objets ont pris vie. Elles sont fixées sur de petites colonnes d’argile. Elles sont fatiguées d’avoir dansé. Le lutin de la forêt est bien fatigué lui aussi. La terre se repose. Elle tient dans ses bras une boule d’argile plantée d’un petit arbuste. Le chêne vibre encore de sa voix. Il caresse le tambour. Il veille sur la forêt. Il veille sur le petit garçon. Mais le petit garçon ? Où est-il ? Quelqu’un l’a-t-il déjà vu ? Existe-t-il réellement ? Est-ce notre propre enfance, notre regard d’émerveillement disparu ? Et ce pays des arbres ? Peut-être est-ce notre forêt intérieure, que l’on doit réapprendre à apprivoiser, en sifflant le plus doucement possible, une ou deux notes, en écoutant le bruit des feuilles qui tremblent dans le vent.

 

                                                                                                           

 

Aïcha Ayoub

 

                                                               Metteure en scène

 

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